J'attends la nuit dans le parfum du foin coupé,
Cette nuit qui s'attarde au rivage des soirs,
Je vais sur le chemin des rendez-vous secrets,
Et tout près de la fontaine je vais m'asseoir.

Bercé par l'insouciance d'un âge immortel,
Quand le monde grave en moi toute sa beauté,
Je suis inondé d'une paix éternelle,
D'un bonheur qui ne serait jamais menacé.

J'aime la magie de ces soirs du mois de juin,
Douce impression que la nuit ne viendra jamais,
Divins instants où je ne pense plus à rien,
Le corps caressé par des souffles parfumés.

Et, par tant de bienfaits, je me laisse envahir.
Très haut dans l'azur, dansent les hirondelles,
Ivres de liberté et folles de plaisirs
Des rondes d'amour pour jeunes demoiselles.

L'odeur des foins, à l'arôme suave et poivré,
Indicible senteur parfois pénétrante,
Me rappelle tendrement l'enfant que j'étais,
Parfums de bonheur dans les années soixante.

Les martinets jouent dans un reste de lumière,
Avec eux, je m'amuse dans le firmament,
J'apprends simplement la vie à ma manière,
Cette vie, à la couleur de l'eau et du vent.

Dans la tiédeur des soirs naissent les étoiles,
Rien ne presse après les durs labeurs dans les champs,
Le soleil endosse lentement son voile
Et la nuit tombe doucement, tout doucement.

J'aime juin qui ouvre la porte au bel été,
Ses parfums qui ont embaumé mon enfance,
Ses soirs qui s'étirent dans l'odeur des foins coupés,
J'aime juin qui déjà sent bon les vacances.

Marc GANRY