A l'ombre du grand chêne séculaire,
Le vieux paysan médite sur sa vie.
Il se souvient de ces années amères,
Où la terre, pour lui, n'avait pas de prix.


Labourer, semer, récolter, quel labeur!
Fallait nourrir parents, femme et enfants.
Il ne plaignait ni la sueur, ni les douleurs,
Au gré des saisons, il s'égrenait, le temps.

Dans l'azur du matin, le pinson chantait,
Les pas du cheval marquaient la cadence.
Dès le soleil, le cœur des villages battait,
Les campagnes vivaient, c'était la France.

Vie de travail, de peine et de bonheur,
Partagée entre terre et chaumière.
Vie d'espoir, de doute, de fierté, de peur,
L'amour donnait force et lumière.

Dans les sillons, la terre offrait son corps,
Don céleste pour l'Homme, simple pécheur.
Le paysan se fondait dans le décor,
Union sacrée bénie par le Créateur.

Les quatre saisons rythmaient le quotidien,
Les premiers bourgeons appelaient dans les champs.
Foins, blés et raisins habitaient le terrien,
Aux chênes d'or succédaient les noëls blancs.

Sur la pierre où il s'est si souvent assis,
Parenthèses de repos pour corps brisé,
L'aïeul est fier de son passé réussi,
Tout dévoué à sa terre qu'il a aimée.

Il pense à celle qui fut sa compagne,
Amour et partage de tous les instants.
Elle était le soleil qui vit, qui gagne,
L'âme de cette Terre qu'elle aimait tant.


Marc GANRY