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Il était vieux et usé, le bateau.
De PRESTIGE, il n'avait que le nom.
Il naviguait, ployé sous les fardeaux,
Agressé par les houles des grands fonds.

Il gémissait sur les flots enragés,
Son corps de vieillard le faisait souffrir.
Il sentait ses forces l'abandonner,
A petit feu, il se savait mourir.

Son métier, sillonner les océans,
Les entrailles dilatées par l'or noir,
Bravant, jour et nuit, les déchaînements,
Esclave des puissants pétrodollars.

A la mort d'ERIKA, il a pleuré.
Où est-il cet ami, ce confident,
Toujours partant, jamais considéré,
Asservi par le profit et l'argent ?

Longeant l'Espagne et la Galice,
PRESTIGE a mal à sa ferraille.
Les douleurs deviennent un supplice.
Qu'il la redoutait cette bataille !

Satan a frappé, démon dans la nuit,
Le diable arrivé tout droit de l'enfer,
Qui est venu pour tuer et s'est enfui.
Triste destin pour ce géant des mers.

Le tanker râle, doucement se meurt.
Seul et perdu, il s'en remet à Dieu.
Il sent son corps gagner les profondeurs,
Pousse un dernier soupir pour dire adieu.

Aspiré par les ténèbres sans fin,
Pour rallier le monde du silence,
PRESTIGE, libéré, se dit qu'enfin,
Il va connaître la délivrance.

Marc GANRY