La brume est épaisse en ce matin de novembre.
La pluie tombe sur la campagne encore endormie.
Le vent s'engouffre dans les volets de la chambre.
C'est l'automne qui engourdit et qui prolonge la nuit.


L'enfant est bien au chaud sous le gros édredon.
Aujourd'hui c'est jour de classe. Pas de grâce matinée.
Dans la pièce non chauffée, il prend la résolution.
Il sort de sa couche et court devant la cheminée.

A cette époque, à la ferme, il fallait s'adapter.
La vie au quotidien collait à la nature.
Le superflu n'existait pas, faute de pouvoir se le payer.
Pour amasser quelques sous, il fallait travailler dur.

Dans la cuisine, le bambin embrasse papa et maman.
Ca sent bon la flambée, le café chaud et le pain grillé.
Sur la table en chêne, le bol de chocolat est fumant.
Dans l'âtre, les tranches de pains deviennent colorées.

L'étable s'éveille et les animaux réclament le foin.
Les vaches noires et blanches demandent leur ration.
La jument grise s'impatiente et piétine dans son coin.
Les brebis bêlent et veulent à tout prix leur portion

C'est beau la ferme quand le jour point à l'horizon.
Les lampes s'allument comme des témoins de Vie.
Dehors la cheminée fume dans toutes les directions.
Dans la lumière tamisée, l'enfant mange avec appétit.

La pluie, tiède et légère s'écrase sur les vitrages.
L'aube se lève et chasse les restes de la nuit.
Le petit garçon se lave prestement le visage.
Aller à l'école, par ce temps, il n'en a pas envie.

Le savoir n'attend pas. L'écolier endosse son ciré.
Le cartable à la main, il affronte la pluie et le vent.
Les parfums d'automne lui souhaitent bonne journée.
Derrière les carreaux, papa et maman regardent partir leur enfant.

Marc GANRY