Conques, la sublime

Dans un doux écrin de verdureconqueslasublime
Niché entre Terre et Ciel,
Conques offre ses fastes parures.
En son chœur, elle m' appelle.

Majestueux, à la croisée des vallées,
Le village dresse ses toits de lauzes.
Il m'entraîne dans les pas de mes aînés,
Sainte-Foy vaut bien une pause.

Dans ses ruelles fleuries et pentues,
Tout est Mémoire, tout est Histoire.
Précieux joyaux d'une époque révolue
Qui forcent le savoir et suscitent l'espoir.

Pèlerin en route pour Compostelle,
Conques m'invite dans son abbatiale.
Intense communion avec l'Eternel,
Partage et prières en ce lieu médiéval,

Elle surprend mes yeux émerveillés
Et me convie à la lecture et à la méditation
Quand, sur son tympan, le « Jugement dernier »
Règle le sort des méchants et des bons.

Je me sens humble et petit pécheur
Au pied de ses piliers qui s'élancent dans le ciel.
Je suis envahi par un irrésistible bonheur,
Etrange sensation au ressenti confidentiel.

J'aime y voyager dans le temps,
Tel un ermite en quête d'espace.
Dadon ne s'y trompa pas, assurément,
Lui qui n'avait que bourdon et besace.

L' âme s'élève, le présent est éphémère,
Le regard se perd, je n'ai plus d'âge.
Je vais, tout acquis aux œuvres millénaires,
Sans feindre la griffe du peintre Soulages.

Je me rafraîchis aux fontaines antiques,
Les portes fortifiées s'ouvrent à moi.
Conques se révèle profonde et magnifique,
Dans ses chapelles, je suis un enfant en émoi.

Conques la puissante quand l'âge était d'or,
Conques l'Eternelle qui ne vieillit pas,
Conques la mystérieuse qui protège ses trésors,
Conques l'envoûtante qui communique la foi.

Sous le pont romain qui enjambe la rivière,
Les eaux glissent comme le temps qui passe.
Conques la séduisante accompagnera mes prières,
Conques la sublime qui, à mes yeux, peu à peu s'efface.

Marc Ganry