Dans le village qui m'a vu enfant,
Emu, je promène mes cheveux blancs,
Retour sur la terre de mes dix ans,
Pour mieux me souvenir, tout simplement.


Des années, au temps, trop vites ravies,
Vieux pèlerin, en mal de son pays,
Besoin de foi sur le chemin de vie,
Se rappeler, avant la longue nuit.

Comme un soldat qui revient de guerre,
Je cherche une âme, un repère,
Une école où j'appris, naguère,
Un clocher, où Jésus, j'ai découvert.

Dans les rues aux chaumières désertées,
Portes et volets clos à tout jamais,
Je déambule, abandonné,
Le cœur de mes dix ans, désemparé.

Où êtes-vous, visages attachants,
Burinés par le labeur et le temps,
Fruits des sillons de la terre des champs,
Vous qui avez forgé mon corps d'enfant.

Où sont les boutiques où j'accourais,
Antres sacrés aux senteurs bien marquées,
Lieux de vie, de contacts et d'amitié,
Hier, sacrifiés, aujourd'hui enterrés.

Faiblesse face à l'incontournable,
Réalité qui rend misérable,
Terres délaissées car non rentables,
Racines brisées, regrets durables.

Adieu, village de mon enfance,
Tu m'as bercé de tendres espérances,
Aujourd'hui tu souffres en silence,
Demain, elle viendra, la providence.

Marc GANRY