Racines

 
Dans le village où l'Eternel m'a fait « Taureau »,marcomamanvignolles
Je vais, au pas d'un papi grisonnant.
Un pèlerinage pour revoir ce garçonnet,
Ce loupiot, par la Nature façonné,
Aujourd'hui un aïeul à la merci des ans
Qui revient sur les terres de son berceau.
 
Racines viscérales, indéfectible attachement.
Il fallut les quitter quand le malheur frappa,
Papa ayant décidé de partir, sans bruit, ni mot,
Rejoindre les bienheureux, Tout Là Haut.
Un voyage sans retour, jalonné de pourquoi
Je n'ai pas tout compris, je n'avais que huit ans.
 
Il me revient en mémoire, ce drôle(*) charentais,
Dans les blés coupés, gardant les coin coin,
S'amusant avec la bique Lisette,
Sermonnant Rose, Léa ou Muguette,
Cornes et pis paissant chez le voisin,
Faisant fi des consignes édictées.
 
Sur le chemin de la Communale,
Vêtu de son sarreau gris, il va le garçon,
Apprendre à lire, à écrire et à compter.
Dans la classe, la plume trempe dans l'encrier,
Sur l'ardoise, il s'active le crayon,
Au tableau noir, la maîtresse écrit : «  Leçon de morale »
 
Le petit « Marco », le tout dernier de la fratrie,
Va puiser l'eau à la fontaine du hameau.
Dans les champs, il aide Papa et Maman,
Dès fois, il est bien un peu garnement,
Un gosse nature à l'image de ses frérots,
Une fleur qui grandira au gré des lendemains.
 
Des lendemains qui chantent, d'autres qui pleurent,
La Vie n'est pas un océan toujours grand bleu,
Soixante ans sur des flots de plénitude ou de détresse,
Tantôt navire croisières, tantôt radeau S.O.S.
Deux petites Etoiles d'Amour, brillent dans les cieux,
Avec elles dans mon coeur, je regarde l'horizon avec bonheur.
 
 
(*) = gamin
 
 
 
 
 
Marc GANRY