Février le Boiteux

Un poème de Guy Pujol
 mimosas
Pour Février que l'on dit boiteux, la nature offre le changement
Imperceptiblement le décor change de peau
De grands lambeaux de froidure se détachent allègrement
Tandis que d'autres, de sang ou de sève trépignent sous le chapeau.
 
Partout la végétation offre les prémices du recommencement
On admire la parure naissante de l'amandier vêtu de blanc
On écoute le chant léger du roitelet huppé finissant en gazouillis
On s'enivre des senteurs des pompons du mimosa fleuri.
 
Dans le ciel la crêpe solaire s'attarde un peu plus chaque jour
Vacillante et fragile, un jour elle glace les sangs
Le lendemain fait surgir les étincelles florales des rangs
Réveillant le feu de la vie chez les hibernants en quête d'amour.
 
Le rouge-gorge siffle sa cascade de notes aiguës
Alors que la fauvette argentée zinzinule sans retenue
Tranchant avec l'envol en silence depuis le clocher
De la chouette effraie dans sa livrée blanche mouchetée.
 
Là haut, proche des sommets au manteau neigeux
L'ami blanchon, le lièvre variable, folâtre dans la poudreuse
Fondu dans le décor, jouant le jour au fantôme heureux
Hantant le soir les bois à la recherche d'écorces copieuses.
 
Chandeleur, Mardi gras, Carême, Amour
Défilent en cortège le long de ce mois le plus court
Mascarades, chandelles allumées, jeûne signalaient autrefois
Le désir de renvoyer la saison des frimas en toute bonne foi.
 
Guy PUJOL – L'ARIÉ...JOIE
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