Un été entre Mer et Montagne

                       prairiefleurie
 
Devant l'or ondoyant de Messidor, alangui sur le sable fin,
Faites vous cigale en fredonnant la chanson de l'été arrivé enfin,
Dans ce ciel sans nuages, cette merveilleuse clarté
Ouvre des pans d'immensité sur fonds de mirages d'éternité.
 
Mais gare au coup de foudre estival quand le soleil, tel un aiguillon,
En forme de fontaine de jouvence déverse en flots ses rayons,
Si votre plus bel amour tombe d'un ciel d'orage,
Alors pour toujours, le bel azur pourrait vous mettre en rage.
 
Après un printemps neigeux et pluvieux, l'eau a la voix toujours changeante,
Elle devient cascade cristalline et torrent grondant dans la pente,
Lorsque celle-ci s'adoucit c'est un ruisseau murmurant sous la hétraie-sapinière,
Pour se transformer en plaine en rivière dont le chant invite à la rêverie fablière.
 
Aussi beau que le dieu grec dont il porte royalement le nom,
Avec ses ailes hyalines, ornées de tâches noires et d'ocelles rubis, voici Apollon,
Sous le soleil estival, ce papillon au corps velu flâne sur les pelouses,
Où il butine, centaurées et chardons sous le regard des oréades jalouses.
 
Dans sa valse tourbillonnante, l'été invite les marmottons,
Ces petits lutins fourrés gambadent sous l'œil attentif de leurs chaperons,
Au royaume des bêtes naïves, on ne se lasse pas de les regarder se poursuivre,
Enchaînant galipettes et pirouettes, de vrais petits pitres.
 
Dans les prairies un délicieux parfum de vanille émane de la nigritelle,
Petite orchidée aux fleurs grenat qui fait chavirer les zygènes,
Alors que sur les parois rocheuses, le roi de l'escalade à tire d'ailes,
Le tichodrome échelette vêtu de gris et carmin, se gave d'insectes sans vaine.
 
C'est l'époque du monde enchanté des prés où les fleurs dansent,
Merveilles de couleurs et de senteurs dans le cortège de Flore émue,
Où parmi elles, la gentiane à tige courte dresse sa trompette de bleu intense,
Timidement refermée par temps couvert, et lancée au ciel dès le soleil réapparu.
 
De l'azur infini, une majestueuse apparition surgit au-dessus d'une crête,
L'aigle royal, l'oiseau sublime, aussi impressionnant qu'émouvant,
Tournoie lentement, les ailes déployées et le regard perçant,
Puis toutes serres déployées, fond sur sa proie, marmotte ou biquette.
 
Dans ce monde montagnard où les titans de roc caressent l'azur,
Au petit matin les cabris batifolent allègrement,
Enchaînant poursuites, cabrioles et sauts d'un sabot sûr,
Sous le regard attentif des femelles chamois en bonnes mamans.
 
Devenu le symbole des parcs nationaux, le bouquetin ou chèvre sauvage,
Nous offre ses deux cornes en forme de cimeterre aux nodosités crénelées,
Munis d'une courte barbichette les boucs s'affrontent avec pugnacité,
Pour conquérir leurs étagnes dans leur pelage aux tons de brun des alpages.
 
Cet acrobate, excellent rochassier dévale les pierriers ensoleillés,
Ses sabots souples et élastiques lui permettant de s'accrocher à la roche bancale,
Véritables chaussons d'escalade, ils le maintiennent sur des vires verticales,
Lui assurant de belles gambades d'un côté et de l'autre des Alpes et Pyrénées.
 
Quittons à présent le royaume des crêtes pour le calcaire battu par les embruns,
Bienvenue sur la côte déchiquetée des calanques au pays de Monsieur Brun,
C'est au Château d'If, la forteresse royale de François 1er, un vrai bastion,
Que vous découvrirez ce bâtiment à l'architecture médiévale, transformé en prison.
 
C'est un lieu chargé d'un grand mythe littéraire captivant,
Après la publication du roman « Le Comte de Monte Christo » d'Alexandre Dumas,
Sur la colline pelé de l'archipel du Frioul, battu par les vents,
Se cache le « genêt de lobel », arrimé aux fentes des rochers du panorama.
 
Pendant leur période de reproduction les oiseaux pélagiques
Quittent la haute mer pour les îles du Frioul où ils nichent tout proche,
Le « puffin cendré » au ventre blanc, vole avec ses ailes légèrement en cloche,
Alors que « l'océanite tempête » de noir vêtue, peut marcher sur l'eau, magique !
 
Pour finir la balade voici un mariage de roche et de mer en guise de clou,
Dans le foisonnement végétal d'un ravin blanchi par le calcaire brûlant,
Et le plongeon dans le joyau aux eaux turquoise maréant,
Entre garrigue et carrière de pierres, bienvenue dans la calanque de Port Miou.
 
Ici fourmille tout un cortège de plantes, du chèvrefeuille à la salsepareille,
Et d'arbustes, du filaire au pistachier, de l'arbousier au buis rocailleux,
Dans les murets de pierre sèche vit la coronelle girondine, reptile non venimeux,
Mais attention au scorpion jaune dont la douloureuse piqûre peut s'avérer mortelle.
 
Sur les sentiers marins hostiles, les plantes halophiles survivent sous la chaleur,
Parmi ces « fleurs de sel », la « crithme maritime » capte l'eau douce en profondeur,
Tour comme la « petite saladelle » puisant l'eau dans les fissures collinaires,
Quant à « l'astragalle », sa tige en forme d'aiguille lui vaut le surnom de « coussin de belle-mère ».
 
En arpentant les pierriers et lapiaz des Calanques, le parcours chaotique
Vous conduira au Mont Puget, dans le parc national dominant Marseille l'antique,
De pierrailles en glissades et de cheminées saillantes en sauts vertigineux,
Entre les Pins d'Alep et les cistes fleuris de rose ou de blanc soyeux.
 
Ô soleil qui nourrit toutes les choses,
Complice de nos vacances, tu remplis notre existence,
D'instants merveilleux qui changent la vie en rose,
Au lieu du quotidien qui trop vite manque d'appétence
 
L'ARIÉ...JOIE
21 juin 2013
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