Douceurs de fin d'été

brameCerf
 
Mais quel raffut dans le jardin, ça renifle, ça grogne,
C'est notre petite boule hérissée qui farfouille avec pogne,
Le gentil hérisson se gave de lombrics, insectes et limaces
Pour faire une bonne couenne de gras avant son hibernation fainéasse.
 
Entre Vendémiaire et Brumaire que de changements dans la nature décorée,
Il s'en passe des choses dans le paysage tout doré et cuivré,
Dans la quiétude du début d'automne les feuilles dansent à la pelle,
Jonchant le sol, cet abri hivernal fera le bonheur des coccinelles.
 
Dans la forêt la concurrence est rude sous les résineux béats,
Entre l'écureuil arrachant rangée après rangée les écailles d'un cône d'épicéa,
Et le mulot préférant aller dans sa cachette éplucher son trophée,
Tous les deux laissant au sol un axe effrangé et des fragments effilochés.
 
Bel automne vient plus souvent que beau Printemps
Quelques larmes de pluie dissipant un soupçon de brouillard louvoyant,
Un nuage de fraîcheur noyé dans une bonne rasade de soleil radieux,
Le temps idéal pour admirer le spectacle des migrations animant les cieux.
 
Parmi les passereaux en partance pour des climats à la douceur andalouse,
Un des plus abondants avec de faux airs d'alouette, le pipit farlouse,
Au plumage dorsal café au lait et moucheté ventral chouette,
Élégance contrastante avec « farlouse », surnom provençal de l'alouette.
 
En cette période de soleil pâlissant et de fleurs sur la fin,
Il en est encore qui ouvrent leur corolle en période de récolte de raisins,
Dans la famille des vendangeuses, voici l'aster, aux allures de marguerite,
Née des larmes d'Astrée, elle décline ses couleurs du lilas à la terre cuite.
 
Pour cet adieu à l'été, certains jouent la sérénade à leurs belles,
Sous un ciel couleur de craie où la brume s'accroche aux fougères rebelles,
Exhibant le port altier de sa ramure, le cerf élaphe lance son brame,
A l'aube et au crépuscule, il fait savoir qu'il est le maître de la place du mélodrame.
 
Le long mugissement rauque du grand mâle déchire l'aurore,
Labourant de ses andouillers en candélabre le sol de tourbière,
Grattant rageusement la terre de ses sabots à pinces, ce dix-cors,
Se roule dans les souilles, puis marque les arbres de ses sécrétions oculaires.
 
Soudain un rival de même carrure rentre dans l'arène, dopé à la testostérone,
Au petit trot les deux adversaires, se jaugent, se provoquent et claironnent
Puis se foncent dessus, révulsant les yeux de haine, grinçant des dents
Dans un tango hostile avec un entrechoquement de bois bruyant.
 
Le vainqueur deviendra le maître de la place du brame,
A lui la fécondation des biches et la paternité des faons
Après le rut exténué et amaigri il rejoindra sa remise, loin de ses dames,
Pour se régaler de glands, de pommes cueillies avec ses bois ou de champignons.
 
L'ARIÉ....JOIE
25 Août 2013
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