Avant de fermer les persiennes

Dans la chambre, le papi vigneron se repose. Il sent son corps s'affaiblir.
Le pèlerinage de sa Vie va s'achever. Il arrive au bout du "Chemin".
Avant de fermer les persiennes et pour la longue nuit s'endormir,
Il se revoit quand il travaillait la vigne. Il était une fois…dans le petit matin".

Au-dessus des coteaux verdoyants qui bordent la vallée,
Le soleil darde ses premiers rayons.
Déjà le vigneron est à la tâche car, travailleur né,
Il sait qu’il est seul pour affronter les sillons.

 

C’est un artiste, un professionnel, un paysan
Qui connaît, pour l’avoir appris de son père,
Les secrets de la vigne qui colore les versants,
Le caprice des saisons et la passion de la terre.

 

Accroché entre terre et ciel, il est seul avec les mésanges.
Le viticulteur médite et son esprit va à la rêverie.
Il se souvient de toutes ces vendanges,
Des grandes familles, des rires, de cette autre vie.

 

Son regard s’attarde sur le toit de la chaumière
Où il a vu le jour et où il a grandi,
Entouré de ses sœurs, frères, père et mère.
Il déroule ainsi une séquence du film de sa vie.

 

Il a bâti une famille et il en est fier.
Le poids des ans est là et il faut diminuer le labeur.
Quand il fait le bilan de sa vie sur terre,
Il se sent soudain envahi par un immense bonheur.

 

Il pense à Marguerite, sa compagne d’une autre vallée,
Sa fidèle, sa moitié, sa vie, son amour, sa lumière.
Il pense à ses enfants, Jean-Claude, Brigitte et Didier,
A ses petits-enfants qu'il chérit et dont il est si fier.

 

Au clocher du village, il entend les douze coups de midi qui sonnent.
Il se ressaisit. Il est le plus heureux des vignerons.
Il va redescendre auprès des siens. Il va manger et faire un petit somme.
Il reviendra plus tard rêver avec les oiseaux et travailler sa vigne dans les sillons.

Sur son lit, le papi vigneron repasse les portraits de sa belle et grande famille,
De ses neuf arrières-petits enfants qui sont le prolongement de son existence.
Le Bienheureux s'endort à tout jamais. Tout La Haut une Etoile s'allume et brille
Elles sont fermées les persienne de sa vie. Qu'il est lourd le poids de son absence !

 

Marc GANRY
12 Septembre 2018