Partie 3
Dans son bureau qui sent bon la cire
Marcellin rédige ses mémoires ;
De belles pages qu'il doit écrire,
Pour le vieil homme, demain sera trop tard.

Il se souvient, le Pays pleurait de douleurs,
Trahi par le grand vainqueur de Verdun,
Nation violée et asservie par le Führer,
France est mise à mort, aux armes Citoyens !

Marcellin, chef de brigade en Lozère,
Transgresse le régime, c'est sa volonté.
Mil neuf cent quarante trois, c'est la guerre,
L'Holocauste nourrit les charniers.

Un matin, l'ordre est donné par message,
« A Le Malzieu, tous les Juifs mâles du canton,
Entre dix-huit et cinquante ans d'âge
Seront arrêtés. Rendre compte fin opération »

Double jeu pour le soldat de la loi,
Serviteur viscéral de la Patrie,
Modelé d'idéal, d'humanisme et de foi,
L'Honneur, la fierté et le prestige de la Gendarmerie.

Seul, avec son képi de l'ombre, Marcellin agit,
Aide, protège et éloigne ces âmes de l'enfer,
Sauve du génocide des centaines de vies,
Mission de tous les dangers pour le militaire.

Dans le procès-verbal qu'il dresse,
Le chef Marcellin rend compte de l'intervention :
« Aucune famille juive découverte aux adresses,
Il a été impossible de procéder aux arrestations. »

Cinq décennies sont passées .Bientôt la neuvième
Pour le grand papi qui poursuit sa belle ascension.
Cet hiver là, avant Noël, c'est le titre suprême,
Marcellin est reconnu « Juste parmi les nations ».

Rarissime et inestimable récompense,
Eminente reconnaissance d'Israël
Pour ce serviteur émérite de la France,
Ce gendarme, un Monsieur et un modèle.


Marc GANRY


Illustration : Photo de l'Adjudant-Chef Marcellin CAZALS, retraité de la Gendarmerie (décédé)
Avec l'aimable autorisation écrite de son fils, le colonel Claude CAZALS.