L'échine courbée par le poids des ans,
L'aïeul promène son corps, pas à pas.
Il savoure ce matin de printemps,
Un de plus à noter sur l'agenda.

Sur le banc de pierre, Firmin se pose,
C'est ainsi depuis qu'il est retraité.
Dès fois, il vient avec une rose
Pour fleurir la tombe de sa regrettée.

Il regarde le grand mur décrépi...
Vestige d'une brigade rurale
Un nom, grandeur et fierté de la patrie
Y est peint : « Gendarmerie Nationale »,

Firmin, gendarme, fidèle serviteur,
Ce brigadier qui connut la guerre,
Vichy, gestapo, rafles et douleurs
Se souvient. Pour le vieil homme, c'était hier.

Des clichés lui reviennent en mémoire,
Le procès-verbal rédigé en pleins et déliés,
Les patrouilles dans les villages et écarts,
A bicyclette, en voiture ou à pied.

Trois longues décennies sous l'uniforme,
Empreintes d'humanisme et d'autorité.
Firmin, à ses valeurs toujours conforme,
Un soldat de la loi humble et respecté.

Aujourd'hui, deux mots lui sont lumière,
Inscrits sur un mur agressé par les ans.
« Gendarmerie Nationale », écho d'une carrière,
De longues et belles années données au temps.

De doux parfums enrobent le papi.
Les yeux clos, il pense à sa tendre Léa,
L'amour de sa vie, trop vite partie,
L'azur et le soleil qui redonnent la foi.


Marc Ganry

Illustration : Photo prise par l'auteur.