Elle coule, elle file, elle glisse, la rivière Charente,
Paisiblement, lentement, tranquillement, doucement.
Parmi les vertes prairies et les champs de blé, elle serpente.
A travers les vignes bien ordonnées, elle passe, sagement.

Entre Limousin et Atlantique, c'est l'amie des pêcheurs.
Elle invite à la rêverie, à la balade et au repos.
C'est un havre de paix, de quiétude qui enchante le promeneur.
Lieu de rencontres pour les cœurs, elle inspire le peintre pour son tableau.

Quand le soleil d'août brûle la terre, elle est heureuse et arrose les parcelles.
Quand les feuilles jaunies tourbillonnent au vent, elle sourit au soleil couchant.
Lorsque les toits des chaumières blanchissent sous les flocons, mon Dieu, qu'elle est belle !
Mais quand les bourgeons éclosent, elle se met en colère et recouvre les près et les champs.

Combien d'embarcations, ses eaux ont elles transportées ?
Jadis, les péniches chargées de tonneaux pleins de cette fine eau de vie,
Aujourd'hui, les bateaux de plaisanciers qui, au fil de l'onde, aiment voguer,
De tout temps, la petite barque pour le pêcheur averti.

Sûr qu'elle a une âme, la rivière charentaise,
Et s'il lui était permis de nous conter tout ce qu'elle sait,
Elle nous parlerait des belles histoires de Goulebenèze
Ou bien des rencontres galantes du jeune François Premier.

Quand, majestueuse, elle traverse Angoulême, Saintes ou Jarnac,
Elle se souvient avec regret de ces temps anciens,
Où, dans ses ports débordant de vie, les bateaux chargeaient en vrac,
Bonnes gens, barriques de Cognac, bois, et farines des moulins.

Elle était choyée, nettoyée, respectée et adorée,
Mais aujourd'hui les temps ont changé et les hommes aussi.
Les écluses se reposent, les rives s'ennuient et les ports sont tristounets.
C'est vrai, j'oubliais, hier, c'était le passé, le présent, c'est aujourd'hui.

Et le présent est tout aussi beau quand la rivière Charente,
Au fil des saisons, nous fait rêver par le calme de ses eaux,
Ses paysages merveilleux tels des aquarelles toujours vivantes,
Ses ponts en arcades pour mieux apprécier la couleur de ses flots.

Oh ! Charente de mon enfance, oh ! rivière de ma naissance,
Ton nom évoque chez moi les tendres années passées à tes côtés.
Tu as été le témoin vivant de bien des joies, de drames, de peines et d'espérance,
Tant tu as connu sur tes rives et sur tes eaux, des générations de charentais.

Tu transportes l'eau de la vie, comme le sang qui coule dans les veines.
Les petits poissons batifolent dans ton lit. Les grenouillent chantent le soir venu.
Quand le pêcheur te capture la tanche ou la carpe, ce n'est pas pour te faire de la peine,
Mais tout simplement pour, dans son assiette, améliorer son menu.

Elle coule, elle file, elle glisse, la rivière charmante.
Elle n'a pas d'âge et ses eaux passeront encore et toujours.
Le peintre continuera son tableau aux couleurs chatoyantes,
Cette toile de la rivière Charente, ce pays où j'ai vu le jour

Marc GANRY