Le souffle du vent caresse la cime des palmiers.
Sur le sable fin, les vagues achèvent d'arriver.
Ce soir, le ciel, baigné de lune argentée,
Se reflète sur l'océan bercé par les alizés.

De doux parfums marins se diffusent dans la nuit.
La plage est déserte et semble s'étirer à l'infini.
Le promeneur chemine et sur une petite dune, il s'assit.
Il a rendez-vous. Dans un instant, elles vont venir vers lui.

Moments délicieux à Mana, un petit coin d'Eden,
A l'embouchure du Maroni, aux antipodes de Cayenne.
Un jardin exotique pour le touriste de France métropolitaine
Qui, sous les étoiles de l'équateur se dit : pourvu qu'elles viennent !

Le clair de lune arrose de sa lumière l'océan Atlantique.
Soudain, comme venue d'un autre monde, elle apparaît, mythique.
L'instant est sublime, grandiose, pour ne pas dire féerique.
La Luth est là. Elle sort de l'onde, belle et magique.

Sur la terre bénie, elle se repose de son odyssée au fil de l'eau.
La tortue hume l'air de la terre et inspecte ce territoire nouveau.
Puis elle évolue sur le sable, écrasée sous son propre fardeau.
Epuisée, la Luth a mal. Les quelques mètres à parcourir sont de trop.

Le témoin fasciné fixe la bête à la silhouette imposante.
La tortue souffle. Sa carapace luit sous la lune rayonnante.
Lentement, elle avance, maladroite, lourde et haletante.
Bientôt, elle va libérer son ventre. La tâche est pressante.

C'est l'époque de la ponte pour les mamans tortues.
Et sur la plage de Mana, par dizaines, elles sont venues.
Ballet incessant sous la lune pour ces mères inconnues
Qui viennent faire leurs petits puis repartir, seules éperdues.

Les nageoires de la Luth creusent le sable un peu dur.
Les mouvements sont précis. C'est une merveille de la nature.
La tortue respire fort et pleure en déposant sa progéniture.
Instant d'émotion où la vie prend toute sa mesure.

Le spectateur est figé tellement la scène est belle.
Ses yeux filment ce moment si fort, si beau, si naturel.
La Luth vient d'accomplir son devoir maternel.
Libérée, elle referme le nid et prie pour ses petits, devant l'Eternel.

Le cœur déchiré de douleur, la maman rejoint les profondeurs.
Un jour, elle croisera peut être ses enfants. Quel bonheur !
Le touriste est satisfait de sa soirée. Il se rappellera de ces heures,
De ce rendez-vous avec la Luth sous la lune de l'équateur.

GANRY Marc