Soudain, le ciel si beau devient gris noir,
Les oiseaux se taisent dans la forêt,
Puis l'ouragan arrive dans le soir,
Frappant et secouant le bois prisonnier.

La colère des vents est sans appel.
Les arbres résistent, puis expirent.
La mort rôde, le combat est cruel,
Tout n'est que cris, hurlements et soupirs.

Le très grand sapin, ce maître des lieux,
Lui, qui a vu Louis XVI perdre la tête,
Ne peut souffrir plus longtemps, car trop vieux,
Son corps est lacéré par la tempête.

Il a bien connu la Révolution,
Il a vaincu les guerres et la Terreur.
Il était beauté et admiration,
Il était roi et chantait le bonheur.

Ployé sous les déchaînements, il prie.
Autour de lui, l'horreur et le néant.
Il vient de perdre famille et amis,
Oh ! mon Dieu pourquoi tant d'acharnement !

Le géant agonise, c'est la fin.
Ses forces l'abandonnent, le roi se meurt.
Le colosse donne un dernier coup de rein,
Puis, dans le tumulte, crie sa douleur.

Il était sublime dans son manteau vert,
Ce beau sapin, seigneur de la forêt.
Il voulait voir le troisième millénaire,
Un soir de décembre, il s'en est allé.

Toi l'étranger, qui traverses ce bois,
Une souche te raconte une histoire.
Elle commence par : « Il était une fois...
Pour finir par : C'était un roi, la vie, l'espoir... »

Marc GANRY