Te quitter ne me fut pas très facile,
Oh ! Belle et surprenante Martinique ;
Les douceurs enivrantes de ton île
M'avaient envoûté, magie des tropiques.


Dans mon rêve, je peignais ton visage,
Un jardin tout fleuri aux mille senteurs ;
Des tapis d'or blanc en guise de plages,
Une onde pure pour baigner mon bonheur.

Tes filles, le cœur et l'âme en fête,
M'entraînaient dans la suave tiédeur des soirs,
Chantant l'amour à en perdre la tête,
Cocktails de plaisirs, de désirs et d'espoirs.

Tes garçons endiablés, issus de ta chair,
Coupaient la canne, le rythme dans le corps ;
Ils dansaient, fils légitimes de Schoelcher,
Et leurs voix, en moi, résonnent encore.

Dans tes forêts chaudes et luxuriantes,
Les grandes fougères et les balisiers
M'indiquaient tes fontaines jaillissantes
Où je buvais, sans soif, ton eau purifiée.

Dans les profondeurs bleutées de tes anses,
J'étais un poisson épris de liberté ;
Les gorgones me faisaient révérences
Et les coraux paradaient en majesté.

Les rues enfiévrées de ta capitale
M'offraient un spectacle des plus délirants ;
Vêtu d'habits aux couleurs du carnaval
J'étais acteur dans ce décor fascinant.

Le soir venu, scrutant le soleil couchant,
Je me laissais aller à la rêverie ;
Aux flots orangés, je faisais un serment,
Un jour, je reviendrai dans ce paradis.

Marc GANRY