Dans mon village, il y a un lavoir,lavoir
Je m’y rends, dès fois, avec ma mémoire.
C’est un lieu de vie chargé d’histoires,
J’y entends les cancans et coups de battoirs.



Doux et tendres clichés en noir et blanc,
J’étais un drôle*, du haut de mes dix ans,
C’était hier, j’aime me souvenir de ce temps,
Une autre vie qui fortifie le présent.

Je m’assois sur le muret, comme naguère,
Une pause pour mon corps sexagénaire,
Une visite pour retrouver mes repères
Près de cette fontaine où trimaient les commères.

Je les revois, ces femmes besogneuses,
Y avait l’Alphonsine, toujours joyeuse,
La Louise, un tantinet malicieuse,
Et la Chantal, on ne peut plus blagueuse.

Un trio de laveuses aux âmes bien nées,
Vaillantes, robustes, aux petits bras musclés,
Pipelettes aussi, à la langue charpentée,
La radio des potins, déformés et amplifiés.

Le dimanche, elles allaient à la messe,
Les ragots valaient mieux que confesse,
Au lavoir, les patati patata n’auraient de cesse,
Hommage à ces dames qui ont marqué ma jeunesse.

Au lavoir du village, la vie s’en est allée,
Les temps modernes en ont ainsi décidé,
Le murmure de la fontaine se taira à jamais,
Les souvenirs, dans ma mémoire, resteront gravés.

 *
gamin, en patois charentais.

 Marc Ganry
03 Mai 2012