Guerres saintes

Tant qu'il y aura des hommes
Disant que leur pays est saint et leur terre sacrée
Que Dieu est confiné entre Jourdain et Méditerranée,
 
Tant qu'il y aura des hommes
Qu'un même dieu aura tirés de la glaise
Pour évangéliser par la croix et le glaive,
 
Tant qu'il y aura des hommes
Venus sur terre,
Pour apporter non la paix mais l'épée,
 
Tant qu'il y aura des hommes
Des Dominique, des Loyola
Qu'on aura canonisés,
 
Tant qu'il y aura des hommes
Pour faire des inquisitions
Pour prêcher l'intifada ou la charia,
 
Tant qu'il y aura des hommes
Prêtres ou gourous d'une religion, toujours nouvelle,
Qu'ils ne conçoivent et ne veulent qu'universelle,
 
Tant qu'il y aura des hommes
Mettant des Galilée sous le boisseau
Ou sur le bûcher des Giordano Bruno,
 
Tant qu'il y aura des hommes
A chaque bout des pôles
Talibans du dollar ou talibans du pétrole,
 
Tant qu'il y aura des hommes
Prêchant croisade et guerre sainte
Par sourates, kamikazes et missiles interposés,
 
Tant qu'il y aura des hommes
Pour vouloir gagner ou perdre le monde
Ce qui revient au même,
 
Tant qu'il y aura des hommes
Qui ne sauront dire je t'aime
Ni tenir en main un rameau d'olivier,
 
Tant qu' il y aura des hommes
Ne sachant s'émerveiller
Du vol d'une colombe,
 
Tant qu'il y aura tous ces dieux
Tant qu'il y aura tous ces hommes,
Tous ces drapeaux, ces bannières , ces uniformes
 
Il y aura tour à tour
Sous nos cieux, sous nos yeux,
De Babel à Manhattan
En passant par Jéricho et Siloé
Des tours qui s'effondrent
En des tournoiements de haine
Dans un univers éternellement crucifié.
 
François Dat