Hymne à nos amis les Arbres

SenteAutomnale
 
Le Frêne, arbre des centenaires
 
Un après-midi d'été sous son houppier adoucissant les rayons de soleil,
On ressent le bien-être sous « l'arbre des centenaires », cet arbre de bons conseils,
Longtemps renommé pour « dénouer l'aiguillette » en encourageant au strupe,
« Qui ne peut doit parler au frêne » prédit le dicton, pas dupe.
 
A l'image de ses branches flexueuses et solides à la fois,
La macération de ses bourgeons est préconisée pour assouplir les articulations,
Ces limbes durcis et craquants, se conservent plusieurs années toutefois,
Associés à la reine des prés ils sont efficaces contre les rhumatismes, en potion.
 
Ce « quinquina du pauvre » dont l'écorce est utilisée pour dissiper les fièvres banales,
Ses feuilles mélangées à la baie de sureau limitent la paresse intestinale,
Quant à la « frênette », cette boisson naturelle fermière contre le flagada,
Son secret réside dans la récolte des feuilles de frêne lors de l'exsudat.
 
Dans les grandes plaines de l'ouest, les indiens d'Amérique,
Confectionnait le tuyau des calumets avec son bois facile à travailler,
Alors qu'au bord de la Méditerranée, en Calabre et en Sicile féerique,
La « manne du frêne » saignant du tronc, comme bougie était employée.
 
L'ARIÉ....JOIE
30 septembre 2013
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Des Essences aux mille usages
 
Le hêtre facile à creuser, à tourner, à cintrer et à fendre
Des générations d'écolier ont appris à écrire et à lire
Sur les pupitres des bancs de classe des âges tendres
Certains voyageurs ayant choisi pour abri sa ramure en forme de lyre.
 
Les marcheurs déambulent sous le couvert de la haute futaie cathédrale
D'intenses rais lumineux, filtrés par la voûte feuillue lèchent les grands fûts de la hêtraie
Vivants piliers laissant parfois crier de lugubres plaintes gutturales
Ou alors servant de refuge aux geais lançant leur salve de cris rauques et éraillés
 
Le soleil tombe sur la sente forestière, les houppiers se redressent,
Les troncs s'élèvent vers le ciel, les feuilles claquent au vent
Semblables à des fanions victorieux pleins d'allégresse
La hêtraie cathédrale trône sans tressaillements
 
Le chêne, résistant et durable, c'est le bois des charpentes qui défient le temps,
Et des plus beaux meubles, parquets, tonneaux et navires d'antan.
Le bouleau très clair, aisé à cintrer, il sert pour les placages et les cure-dents,
Excellent « bois de boulange », il dégage une chaleur intense au débit éclatant.
 
L'érable, c'est le bois de « l'Argenterie des Bauges », la vaisselle des indigents,
Son grain fin, facile à polir, est apprécié pour la fabrication de l'ameublement,
Son bois ondé, donne l'impression d'être moiré, il est le favori des luthiers exigeants,
Grâce à ses dons esthétiques et acoustiques permanents.
 
Le châtaignier, il brave les intempéries par ses charpentes des toitures,
Il est aussi le champion des échalas de vigne et des piquets de pâtures,
On en fait de magnifiques parquets veinés et de solides castagnettes,
Ce fut l'arbre à pain, grâce ses fruits remplaçant les céréales en période de disette.
 
Si Flaubert affirmait que « la châtaigne était la femme du marron »,
La vérité est toute autre car l'intérieur de la châtaigne est cloisonné,
Et s'il est entier c'est un marron, enchanteur des palais sous sa forme glacée,
Grillée ou en bouillie, cette « crotte d'âne » au souper de la Toussaint, sent bon.
 
Le peuplier, peu dense mais bien fibreux il sert pour les emballages légers,
Bourriches d'huîtres, barquettes, caissettes et cagettes
Bien enfermé dans sa boîte à fromage, le camembert y est bien protégé
Grâce à son absence de tanin, son goût n'est pas altéré dans l'assiette.
 
Le saule, grâce à ses longues tiges souples il est idéal pour la vannerie,
Hottes, corbeilles, cages, nasses, berceaux d'enfants et panières,
Les aérostiers l'utilisent pour la réalisation des nacelles de montgolfières,
Grâce à sa forte capacité d'absorber les chocs sur la carrosserie.
 
Le merisier de par ses tonalités chaleureuses tirant sur le brun rosé,
Est une essence noble pour la réalisation des meubles en bois massif,
Utilisé aussi en placage il remplace l'acajou très recherché,
Choisi pour la fabrication des pipes il leur donne un parfum expressif.
 
Le pin maritime, ou pin des Landes, il a permis d'assainir les sols marécageux
Sa gemme coule comme une larme épaisse sur la blessure du tronc malheureux,
Elle soigne les affectations respiratoires grâce à l'essence térébenthine,
Dans l'industrie de la trituration il produit la pâte à papier opaline.
 
Le mélèze, imputrescible il est le plus durable des résineux.
Utilisé pour la construction des chalets montagnards à la toiture en bardeaux,
Il sert dans les chemins de fer pour la fabrique des traverses sans nœuds,
Mais aussi pour les poteaux téléphoniques et les mâts des bateaux.
 
L'aulne, il a fourni les pilotis des cités lacustres,
Cinq siècles plus tard, Venise possède des pieux quasi intacts.
Grâce à son étonnante couleur variant du rouge au rose grenat,
Il est apprécié pour la confection des corps de guitare illustres.
 
Le pin Laricio, fier et altier, emblématique des forêts de l'île de beauté,
Ses piliers cylindriques élèvent sa cime dans la pinède cathédrale élancée,
Ses aiguilles souples et un peu frisées, abritent un petit cône,
Régal des écureuils lorsqu'il tombe sur ce tapis autochtone.
Chaque été à Vezzani, village corse autrefois spécialisé dans la collecte
de ses graines, parmi les attractions de la traditionnelle fête du bois et de la forêt,
on admire le concours des bûcherons
et celui des « secoueurs » qui font tomber les cônes des pins.
 
L'ARIÉ....JOIE
30 septembre 2013
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Victor HUGO (1802-1885)
Aux arbres
Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme!
Au gré des envieux, la foule loue et blâme ;
Vous me connaissez, vous! - vous m'avez vu souvent,
Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant.
Vous le savez, la pierre où court un scarabée,
Une humble goutte d'eau de fleur en fleur tombée,
Un nuage, un oiseau, m'occupent tout un jour.
La contemplation m'emplit le cœur d'amour.
Vous m'avez vu cent fois, dans la vallée obscure,
Avec ces mots que dit l'esprit à la nature,
Questionner tout bas vos rameaux palpitants,
Et du même regard poursuivre en même temps,
Pensif, le front baissé, l'œil dans l'herbe profonde,
L'étude d'un atome et l'étude du monde.
Attentif à vos bruits qui parlent tous un peu,
Arbres, vous m'avez vu fuir l'homme et chercher Dieu!
Feuilles qui tressaillez à la pointe des branches,
Nids dont le vent au loin sème les plumes blanches,
Clairières, vallons verts, déserts sombres et doux,
Vous savez que je suis calme et pur comme vous.
Comme au ciel vos parfums, mon culte à Dieu s'élance,
Et je suis plein d'oubli comme vous de silence!
La haine sur mon nom répand en vain son fiel ;
Toujours, - je vous atteste, ô bois aimés du ciel! -
J'ai chassé loin de moi toute pensée amère,
Et mon cœur est encor tel que le fit ma mère!
Arbres de ces grands bois qui frissonnez toujours,
Je vous aime, et vous, lierre au seuil des autres sourds,
Ravins où l'on entend filtrer les sources vives,
Buissons que les oiseaux pillent, joyeux convives!
Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois,
Dans tout ce qui m'entoure et me cache à la fois,
Dans votre solitude où je rentre en moi-même,
Je sens quelqu'un de grand qui m'écoute et qui m'aime!
Aussi, taillis sacrés où Dieu même apparaît,
Arbres religieux, chênes, mousses, forêt,
Forêt! c'est dans votre ombre et dans votre mystère,
C'est sous votre branchage auguste et solitaire,
Que je veux abriter mon sépulcre ignoré,
Et que je veux dormir quand je m'endormirai.