Dans la cheminée, la scène s'anime.
Flammes et braises jouent en parfaite union,
Spectacle magique qui fascine,
Un chaud décor propice à l'inspiration.

Ma plume gribouille sur le papier,
Comblée et heureuse qu'elle est ce soir.
Elle me chuchote, scrutant le foyer :
« S'il te plait, conte moi une histoire ».

« Tu vois, lui dis-je, cette féerie est une aubaine :
Il était une fois...un grand chêne... »

« ... A la croisée des chemins, je le vis.
Il se tenait là, droit et vigoureux.
Tout son être n'était que force et vie.
Dans le bois, lui et moi, rien que nous deux.
La lame mortelle mordit ses chairs.
Le géant tressaillit puis s'écroula.
Sans défense, il ne put rien faire,
Je m'en voulus de cet assassinat.
Très vite, j'oubliai tous mes remords.
Finir le travail devenait pressant.
En petits morceaux, je découpai son corps,
Cela me demanda beaucoup de temps.
La besogne achevée, je me réjouis.
J'admirai la dépouille débitée.
Satisfaction du devoir accompli,
Un grand plaisir et un peu de fierté.
Je pris délicatement les tronçons
Et les remisai pour le séchage.
C'est plus commode pour la combustion,
Les ans s'occuperont de l'ouvrage.
Dans l'âtre, les bûches feront grande fête,
Les flammes danseront et chanteront.
Je deviendrai rêveur et poète,
Me laissant aller, au gré des tisons... »


Marc GANRY

Illustration : Au coin du feu chez l'auteur.