Dans son bureau qui sent bon la cire,
Marcellin rédige ses mémoires ;
De belles pages qu'il doit écrire,
Pour le vieil homme, demain sera trop tard.

Marcellin, un serviteur émérite,
Tout dévoué à Dame Gendarmerie,
Exigeante mais noble favorite,
L'union passion durant plus de trois décennies.

C'est le printemps, dans les années trente,
L'entre deux guerres, au siècle dernier.
Dans les champs, on s'active, on chante,
A la main, ils écrivent les brigadiers.

C'était hier, Marcellin se souvient.
Les plumes grattent les procès-verbaux,
Pleins et déliés ornent les parchemins,
L'encre noire parfume les bureaux.

Il est à l'avant-garde du progrès,
Veut tordre le cou aux habitudes
Et rajeunir mamie Maréchaussée.
Oser et vaincre, la tâche est rude.

Gendarmes, faut foncer vers l'avenir,
Finis la plume et les encriers,
Je vous présente la machine à écrire
Petite en taille, grande pour le métier !

Premier procès-verbal, premier refus.
Nonobstant le « non » du capitaine,
Marcellin, non résigné, continue,
Volontaire, tenace, une force humaine.

Le téméraire et sa portative
Jouent les trublions, révolutionnent.
Les magistrats saluent l'initiative,
Les chefs pandores boudent la « Rémington ».

Marcellin, engagé, de tous les combats,
Pétri de bonté issue des entrailles
Qui, un jour de printemps, n'hésita pas,
A la sclérose gendarmique, livrer bataille.

Ses armes, rigueur, passion et humanisme,
Le képi, toujours en quête de modernité,
Fervent opposant de l'immobilisme,
Un clavier vaut mieux qu'un encrier !

Marc GANRY